Carnet de route

PIC D'AULON ET PIC D'ESTOS
Sortie : ski de rando du 05/02/2022
Le 09/02/2022 par guiraudie guy
PIC D'AULON ET PIC D'ESTOS
Un week-end du feu de dieu nous attendait ! D'abord l'ambiance, puis la montagne qui nous a encore offert de sa beauté. Pour commencer et nous mettre en jambes le pic d'Aulon et ses 1600m de dénivelé est dans notre viseur.Visée plutôt brouillée par une épaisse couche nuageuse qui ne se dissipera pas ; mais nous irons chercher le soleil s'il ne veut pas venir à nous !
Hélène, Nathalie (la Bayonnaise), Patrick (Le baillonné...vaste utopie!), Philippe H (co-encadrant), Nico (co-co-encadrant), Philippe N, Laurent le p'tit dernier (mais qu'allais-je donc faire dans cette galère!!) et ma poire bien sûr !
Tout commence par un demi tour forcé sur la route du village de Lurgues où la glace nous empêche d'aller plus haut et nous contraint à laisser nos voitures au parking de Aulon . C'est depuis le village que nous partons skis aux pieds, sous la pluie fine après avoir pesé le pour et le contre ; mais le vieil adage montagnard, glissé dans mon oreille quelques fois par Hélène prend ici toute son importance " si tu écoutes la météo, tu restes au bistrot !!!". Nous remontons à travers les champs enneigés, obligés à quelques déchaussages pour passer ruisseaux et autres rus qui parsèment notre itinéraire jusqu'aux granges de Lurgues, et ensuite jusqu'à la cabane d'Espigous. Jusqu'ici la connaissance des lieux et la visibilité correcte nous a sauvé la mise, mais à partir de là le brouillard nous donne de l'inquiétude ainsi que les multiples anciennes coulées d'avalanches qui donnent au site l'austérité d'un chaos. Nous progressons quand même tant bien que mal vers le vallon, et une fois sûr d'être au bon endroit nous suivons son lit rectiligne. De temps en temps nous faisons des pauses pour vérifier l'exactitude de notre position. Nous devinons par moments quelques timides percées lumineuse dans le ciel, théâtre de ce duel entre soleil et nuages où l'astre jaune n'arrive pas à gagner sa place, annihilant chez nous tout espoir de ciel bleu. Petite pause casse-croûte , le petit déj est déjà loin derrière nous. Nous avançons doucement, le rythme est ralenti par la vérification permanente de l'itinéraire et le repérage de points remarquables qui seront autant de jalons pour la descente, si la brume persiste. Un rayon de soleil perce les nuages, faisant miroiter une myriade de cristaux de neige scintillants, moment féerique ! Petit à petit nous gagnons du terrain tant sur le dénivelé que sur le brouillard qui se désépaissit, jusqu'à laisser apparaître le soleil au milieu de volutes nuageuses et nous permettre enfin de grimper avec un bel azur au dessus de nos têtes. Les sourires s'illuminent, la perspective du sommet devient réalisable. Nous rejoignons le col pour y faire une petite pause avant de chausser les crampons et troquer les bâtons contre le piolet pour ensuite rejoindre le sommet par son arête mêlée de neige et de rocher. Du sommet nous dominons une mer de nuages laissant dépasser les sommets comme autant d'îlots. Prises de photos, rires, accolades et nous redescendons. Il est 16h00, faudrait pas rater l'apéro !! Revenu aux skis, un petit tour au sommet voisin, le Pène Grane, s'impose et nous amorçons la descente. La neige a regelé à l'ombre mais en restant rive gauche du vallon le soleil la lèche encore et les virages s’enchaînent plus sereinement. Nous revenons dans le brouillard, qui ne nous avait pas duuuu touuuut manqué, et le masque (celui pour les yeux!) devient obligatoire pour mieux percevoir le relief. La neige est restée transformée sous le couvercle nuageux ce qui facilite d'autant la descente. Point de mire : la cabane d'Espigous , mieux vaut ne pas descendre trop bas et se faire piéger dans le goulet . Là, déchaussage préconisé pour descendre l'étroit chemin en partie déneigé, rechausser les skis plus bas et rejoindre en godille Lurgues puis Aulon. Il est prés de 18h00, nous rentrons au gîte, apéro, merci Patriiiiick !!! Là, débriefing de la journée et tergiversations sur le programme du lendemain où l'Arbizon était initialement prévu. Finalement le pouvoir de persuasion de Philippe Heinrich aura le dernier mot et face à son insistance à vouloir changer de secteur c'est sur le pic d'Estos que nous partirons, on ne peux que le remercier !!!
Pan pan palampam France Inter il est 6H30, enfin plutôt 40 quand on se lève pour ranger tout notre bardas et filer au col d'Azet dès le petit déj pris. Le ciel est d'un bleu limpide , il a bien gelé ; en face de nous au loin les pics d'Aulon et d'Arbizon sont déjà teintés de la couleur orangée du levé de soleil. Une fois équipé et le rituel du départ effectué nous partons en remontant la station, seul bémol à cette rando. Plus haut et un bon moment après quand même ! nous arrivons au point de bascule sur le vallon de Sarrouyes (pas besoin de Frameto ici!). Nous dépeautons pour la première descente, à ma grande surprise la neige est bonne dans cette pente Nord/Ouest où je redoutais trouver de la glace. Plus bas, manip inverse pour s'engouffrer dans ce vallon sauvage où le soleil jettent ses premiers rais. Nous prenons une précaution particulière à nos carres de ski car dans ce vallon "ça rouille" !! Hum, bon, bref, revenons à nos louron, euh à nos moutons. Le cheminement est agréable, les couleurs extra, la quiétude des lieux tranche avec le bruit des remontées mécaniques de la station quittée plus haut. Pris en étau entre les pic d'Estos et de Sarrouyes, leurs masses imposantes nous renvoient à micropolis. Nous apercevons des silhouettes funambules sur l'arête Nord du pic d'Estos, tandis qu'à notre droite un groupe serpente sur la face Est du pic de Sarrouyes. Un couple livre sa scène de ménage à coup de vociférations, dur d'imaginer la réconciliation sur l'oreiller dans ces lieux improbables ! Nous arrivons au passage réputé raide dans les topos et pas que, il s'avère difficile à négocier avec sa neige dure qui surprend dans sa partie la plus relevée, les crampons auraient été plus sécurit, mais tout le monde passe avec, sûrement, plus ou moins d'adrénaline. Une fois ce passage scabreux surmonté, la pente devient plus douce et plus loin sur un replat les premiers attendent les derniers pour rejoindre ensuite la cabane bigarrée de vert et d'orange citée dans les descriptifs. Depuis notre promontoire nous observons le pic d'Estos et son antécime, belle pyramide de neige au lignes géométriques; à notre gauche nous dominons le vallon foulé tantôt par nos spatules. Nous reprenons la montée, laissant Philippe H et Nico partir devant; les deux seuls à pouvoir enchaîner l'arête sommitale en restant dans le timing. Du haut de l'antécime nous pouvons admirer le panorama qui s'offre à nos yeux et regarder s'éloigner les deux acolytes vers le sommet. L'arête semblable à une dorsale de dragon est superbe, la face Sud, rocheuse, est impressionnante de verticalité, magnifique ! L'heure tourne, un petit vent frais nous motive pour la descente anticipée jusqu'à la cabane où nous attendrons Nico et Philippe. La neige est vraiment très bonne à skier avec cette petite couche de fraîche tombée la veille, quelques pièges croûtés subsistent quand même, il vaut mieux rester sur nos gardes mais de belles godilles sont permises. Ainsi nous rejoignons rapidement le point de rendez vous où les deux comparses nous retrouvent un peu plus tard, un large sourire leur barrant le visage... tu m'étonnes !!! Nous repartons les spatules en avant, glissant sur cette belle pente recouverte de velours blanc jusqu'au ressaut . Là, pour éviter le plus raide nous basculons dans le talweg à gauche où le pourcentage et la neige dure donne du fil à retordre à certain. Chacun son style. Passé ce moment délicat le bas du vallon nous ouvre ses bras, et c'est joyeux et godillant que nous arrivons sous le col qui nous ramène à la station après avoir remis les peaux et gravit les 130 m nous en séparant. En haut, dernier coup d’œil sur ce petit paradis, sûrement ignoré des skieurs de la station pourtant si proche, avant de s'élancer sur les pistes pour rejoindre les voitures. Nous avons fait le plein d'images et de sensations, sûrement assez pour tenir jusqu'à la prochaine fois.
Guy Guiraudie