Carnet de route

Pas de turròn pour le Turon
Sortie : ski de rando du 12/03/2022
Le 12/03/2022 par guiraudie
Pas de Turròn pour le Turon.
Dur ce week-end de jouer carton plein tant la météo et la nivo ont joué de leurs caprices. La première n'était pas franchement bonne aux prévisions et pour la seconde le risque d'avalanche pas vraiment sécurisant !
Mais au diable, tout était calé alors nous sommes partis quand même, Philippe Heinrich, Nico, Jean et moi-même. Le bruit de la pluie, toute la nuit sur les solins en zinc du gîte aura contribué à maintenir le doute. Au parking de Tournaboup la neige vient remplacer la pluie, et c'est sous les flocons que nous nous préparons et prenons la navette pour le Lienz, l'accès en voiture y étant interdit. Nous partons finalement un poil tard, le ciel est toujours bien bouché, nous remontons le vallon en direction du refuge de la Glère. Sous le couvercle nuageux la chaleur nous surprend , et quand les nuages s'écartent pour laisser place au soleil nos sacs à dos grossissent des couches de vêtements que nous retirons. C'est une étuve ! Dés lors nous nous méfions des éventuelles purges qui pourraient arriver des rochers au dessus. La montée au refuge se poursuit dans un paysage photogénique où nous pouvons facilement voir le cheminement , et se rendre compte plus haut que c'était bien une partie du toit du refuge que nous apercevions d'en bas. Poser les sacs et se restaurer sont les bienvenus, Béatrice, la gardienne, nous accueille de son sourire et sa gentillesse. L'horaire est tardive pour tenter le Turon du Néouvielle, entre trois et quatre heures de montée nous en séparent ; c'est limite jouable...
Pour la sécurité nous préférons monter à la Hourquette de Mounicot. Si le temps le permet nous ferons le sommet demain, mais les accumulations de neige déjà en basse altitude compromettent l'accès aux altitudes supérieures. Petite descente jusqu'au lac en dessous du refuge, premiers virages, re-peautage plus bas. Les nuages vont et viennent pour enfin laisser la place à un soleil généreux et un ciel azur magnifique contrastant avec le blanc immaculé de la montagne fraîchement enneigée. La déambulation au milieux des dolines se poursuit tranquillement jusqu'à la pente menant au col où les skis découvrent quelques rochers affleurants, juste recouverts par la neige fraîche. A destination, nous pouvons voir le vallon qui s'écoule jusqu'aux Coubous, par où nous aurions dû arriver si le temps avait été clément, et par où nous partirons demain si la météo ne nous permet pas d'aller au sommet. Nous amorçons la descente en prenant un talweg pentu plus chargé en neige où nous ne risquons pas de racler le caillou. Les accumulations de neige dans les pentes nord offrent une très bonne qualité de ski digne de spots promotionnels d'espaces skiables. Jean, le benjamin free-rider, taille des courbes et envoi du bois ! alors que nous, plus dans l'âge de raison faisons nos godilles dans une allure plus modérée mais assurément d'une grande esthétique ; Nico toujours et inexorablement en télémark danse sur la surface blanche. En fonction de l'exposition la neige est changeante, mieux vaut rester vigilants à ces variations...d'où l'âge de raison!!! Avec les chutes de neige de la semaine la montagne a retrouvé son aspect hivernal, les spatules ont de quoi se mettre sous la dent pour notre plus grand plaisir, et c'est après une bien belle descente variée que, déjà, nous arrivons sous le refuge ; petite manip pour basculer en mode montée et quelques conversions plus haut nous prenons pied, enfin, ski, sur la terrasse. Bières et assiette de charcutaille accompagneront notre bain de soleil en balcon avec vue sur la montagne. C'est en regardant les allées et venues de chacun, en tirant des azimuts pour nommer les cols et sommets environnants, que nous laissons doucement le soleil disparaître derrière la montagne amenant la fraîcheur et nous poussant à l'intérieur du refuge.
Bonne ambiance au refuge, Béatrice la sympathique gardienne, seule ce soir se plie en quatre pour le repas. Compatissants, certains pensionnaires lui donnent un coup de main pour le service et la levée de table. Pour les raisons sanitaires que nous connaissons il n'y a pas, ou plus de couvertures dans les refuges, aussi c'est dans nos duvets que nous nous glissons pour la nuit. 7H00, un coup d’œil par la fenêtre pour constater que la météo ne s'est pas trompée ; il neige et le ciel est bien bouché, le magnifique paysage de la veille a disparu derrière la grisaille. Le scénario de la journée ne laisse aucun doute.
Le petit dèj pris, et avant que ne rapplique la smala de la veille, nous nous équipons, fixons les masques sur les casques , calons le GPS, glissons jusqu'au lac plus bas et réitérons le chemin emprunté hier pour cette fois-ci basculer dans le vallon qui mène au parking, via le col Dets Coubous. Il neige plein pot, la visibilité est réduite et il est difficile de faire la différence entre le blanc de la neige et le blanc du brouillard. La navigation se fait grâce aux traces d'hier mais en gagnant en altitude elles disparaissent balayées par le vent ou recouvertes par la neige fraîche, dés lors la trace GPS est notre fil d'Ariane. Couvert de neige mais content d'être là, de l'ambiance, du moment...nous arrivons à la hourquette où nous rangeons les peaux dans les sacs, tandis qu'ils se remplissent de flocons, bloquons les chaussures en mode descente, enclenchons les fixations et je pars en premier pour tester ce premier passage en versant Est. Des rochers affleurants laissent supposer un manque de neige ici. C'est douuuuucement que j'amorce un dérapage avant d'engager un premier virage et tester la stabilité du manteau, qui est finalement bien plus épais que supposé, la visibilité s’arrêtant au bout de mes spatules j’enchaîne les virages dans un jeu d'équilibriste tout en espérant ne pas tomber sur une partie piégeuse. Mes trois compagnons partent l'un après l'autre, laissant une bonne distance de sécurité entre chacun d'eux. Regroupés plus bas, et pensant avoir fait le passage le plus "con", il ne nous reste qu'à suivre le GPS (et c'est toujours plus vite dit que fait!!!) pour rejoindre le col bien plus bas. Mais qu'allais-je donc faire dans cette galère !!! comme disait l'autre... La neige tombe, la visibilité est nulle, nos masques sont chargés d'humidité réduisant la vision et malgré tout nous prenons plaisir à être là, enfin ceci n'engage que moi ! Difficile de se repérer dans cette purée de pois, il y a toujours le risque d'un piège, d'une cassure, d'un trou non remarquable, ou remarqué. On s'offre quand même quelques bonnes godilles, car, oh frustration, la neige est abondante et excellente à skier. Quelques dissipations des brumes nous offrent des répits pour s'élancer dans les pentes, mais elles sont de courte durée et l'une d'elle, vicieuse, me vaudra de me vautrer dans une cassure, rendu invisible avec ce "jour blanc" qui perdure. Plus de peur que de mal, je revisse mon casque sur la tête, réajuste le masque sur mes yeux, m'ébroue en faisant face aux railleries de mes camarades et nous reprenons la descente. Bientôt nous dominons un lac et pouvons apercevoir en aval le mur d'un barrage, pas de doute nous sommes au lac Dets Coubous. En quelques coups de spatules et deux trois poussettes sur les bâtons nous rejoignons le col où, tel un amer, la cabane nous identique sa position. De là, la descente n'est qu'une formalité, rapidement nous arrivons au bas du vallon et, nous jouant des courbes de niveaux, nous glissons le long du torrent pour arriver, en une belle godille, sur le bas de la station où bientôt nous ne sommes plus que de simples skieurs parmi les skieurs. Nos tenues sont humides, une boisson bien chaude à Barèges sera la bienvenue avant de reprendre la route, trouver un endroit pour pique-niquer et déguster le Turròn de Philippe, trimbalé tout ce temps dans le sac à dos, puisque prévu au sommet. Pas de Turròn pour le Turon mais un bon week-end et de bons moments partagés !!!