Carnet de route

les cols des fans

Sortie :  turon néouvielle du 29/03/2025

Le 03/04/2025 par GUIRAUDIE GUY

LES COLS DES FANS

Ploc, ploc, ploc, la pluie fait des claquettes sur le toit du gîte à Luz St sauveur ! Il est 7h30, nous déjeunons. La météo n'est franchement pas engageante vu les hallebardes qui zèbrent le ciel à travers la fenêtre. La montée au parking de Tournaboup se blanchira au fur et à mesure de l'altitude, jusqu'à craindre la pose des chaînes quand la voiture montre des réticences à l'adhérence. Mais ouf, Hélène garde son calme (pléonasme !) et nous nous garons à bon port. Quelques moments plus tard, après avoir joué au yoyo avec les places de voitures, et avoir enfin pu satisfaire aux exigences des agents du parking, nous embarquons dans la navette pour le Lienz. Peu de temps après nous sommes skis aux pieds dans le vallon de la Glère. La neige tombée copieusement cette nuit confère un aspect hivernal à la montagne, et pas que ! Cela nous permet de chausser à 1400 mètres et d'éviter le redouté portage sur plusieurs centaines de mètres de dénivelé. Le groupe de dix (dix, ça fait un peu de monde, faudra gérer !) s'enquille dans la vallée sous les flocons redoublant. Objectif de la journée, simplement le refuge de la Glère, après on verra, mais la météo ne permettra pas grand chose d'autre. Que je vous présente quand même les gais participants, ça risque d'être un peu long ! Comme co-encadrant il se doit d'être présenté en premier, Philippe Heinrich (my taylor aussi !), ensuite viennent les filles par pure galanterie, Flore (fille de Philippe dont c'est une première au CAF !), Hélène doyenne du groupe qu'on ne présente plus, Laure qui inaugure sa première sortie en ski de rando dans les Pyrénées ! S'ensuivent Nico et Marc (télémarkeurs), Jean (le carveur !), Thierry et Cyrille (disidant de la branche Massonique ! Mais qu'on a plaisir à accueillir !) et ma pomme forcément ! Donc, tout ce petit monde évolue, suivant scrupuleusement la trace inscrite dans la neige fraîche, sous une météo alternant les bourrasques, qu'elles soient de neige ou de vent, avec quand même, quelques légères apparitions du soleil derrière le brouillard, comme pour montrer qu'il existe encore, qu'il nous a pas complètement laché. Les bâtiments du refuge sont en vue, et deux heures trente après le départ nous saluons la gardienne, Béatrice, à travers la fenêtre de sa cuisine. Nous déposons nos affaires dans le local dédié, qui sert aussi de sas d'entrée, c'est plutôt étroit pour se bouger et se croiser. La chaleur du poêle dans le mess est la bienvenue surtout pour sécher nos affaires, finalement plus trempées par nos transpirations que par les précipitations. Là nous mangeons nos casse-croûtes et l'aprém se passera entre lecture, sieste(s), discussions, pour finir autour d'une bière en attendant le repas....19h, Béatrice fait circuler le très attendu BERA (bulletin d'estimation des risques d'avalanche), il est lu dans tous les sens, espérant y trouver une note optimiste, mais le seul point positif est le grand beau annoncé pour le lendemain ! Donc, ça commence à pas mal tournicoter dans ma tête, et tout le repas je pèse le pour et le contre, pour finalement proposer un plan B au groupe. Vu le risque, et le nombre que nous sommes nous n'irons pas sur le sommet du Turon mais ferons plutôt une itinérance de col en col, ce qui ne rendra pas la journée plus facile, mais au moins bien plus sécurisante....

Le lendemain alors que les ondes ont remis nos pendules à l'heure et nous ont fait perdre une heure de sommeil, tous se lèvent pour le petit dèj. Un coup d'oeil par la fenêtre, pas un nuage dans le ciel qui, vu l'heure matinale n'a pas encore viré au bleu azur. Les montagnes fument à l'horizon, Eole est encore bien présent sur les cimes. 8H, le test DVA fait, nous descendons en quelques godilles au niveau du lac plus bas. Petite descente qui fait augurer les bonnes conditions de neige pour le reste de la journée. Les peaux fixées aux skis, les chaussures dévérouillées, le groupe s'étale en une file indienne disciplinée en direction de la Hourquette de Mounicot. La trace est agréable à faire sur cette neige immaculée, ça et là apparaissent des plaques de vieille neige dure sur laquelle la nouvelle n'a pas trouvé d'accroche, balayée par le vent juste en contre bas. Il faut gérer, pas trop raide, pas trop vite vu l'hétérogénéité du groupe, communiquer les espacements lorsqu'ils sont nécessaires, faire une petite révision pour les conversions ne sera pas un luxe aujourd'hui ! 500M de dénivelé plus haut, et une plaisante déambulation dans ce magnifique vallon, nous arrivons sous le col où les volutes de cristaux de neige, irisant les rayons de soleil, rendent visible le vent, qui n'est pas que sur les sommets. Arrivés là, tout le monde s'affaire à passer en mode descente avec plus ou moins de dextérité, Eole rendant le pliage des peaux fastidieux et agaçant. De l'autre côté, la pente Est boit le soleil depuis un petit moment, et si les deux premiers virages sont en neige dure c'est vite dans une poudreuse confortable que je trace les premières courbes. Consigne a été donnée avant le départ pour organiser, par ordre de niveau, la descente de chacun. Les rictus de satisfaction peuvent se lire sur les visages, enlevant les doutes pourtant sûrement présents dans les têtes juste avant de, finalement, tâter le terrain ! Satisfaction validée par un « hé-mais-c'est-bon-là !» lâché par Thierry, apparemment surpris par la qualité de neige ! Cyrille, avec sa gouaille légendaire souligne que " ça-valait-le-coup-de-monter-dans-le-brouillard-la-veille !" Nous descendons le vallon par séquences, afin de regrouper régulièrement ce petit monde, d'éviter tout éparpillement et de permettre à chacun de skier à son rythme. Laure semble bien séduite par cette première descente Pyrénéenne, enlevant finalement le doute d'être cantonnée à vie aux sorties cantaliennes, Flore a bien assurée cette première descente sous l'oeil légitimement protecteur de Papa ! Jean a carvé de bonheur ! Nico a sagement respecté son rôle de serre-file, trépident sûrement d'impatience là-haut ! Nous nous regroupons au pied de la Hourquette d'Aubert, il faut mettre les cervicales à 90°, et la main en visière pour apercevoir la pente et le col plus haut, où les tourbillons de neige matérialisent la présence de vent. Là, il y a un morceau, les deux cents mètres de dénivelé qui nous attendent sont soutenu, sans aucune zone de « confort », aussi je fais mettre rapidement les couteaux à tout le monde, grand bien m'en pris car sous la petite poudre amenée par le vent se cache une croûte plus dure. Plus haut, un passage semblant délicat m'incite à faire prendre une distance de sécurité, mais ce sera une fausse alerte, on n'est jamais trop prudent. Le col approchant, bientôt nous refaisons surface au soleil. Bel exercice de conversions que cette montée raide ! Magnifique vue sur le massif du Néouvielle avec son sommet éponyme et le Ramoun qui offrent leurs belles étendues de neige, derrière tel une sentinelle, le Pic Long montre sa face noire. En dessous le grand lac d'Aubert et la forêt éparse font le plus bel effet dans cet écrin sauvage fraîchement repeint de blanc. Opération mode descente, chacun sait ce qu'il a à faire ; la machine est bien rodée, pour un groupe de dix finalement ça fonctionne super bien, c'est fluide ! Hop, hop, hop quelques petits virages, top ! La neige, chauffée juste ce qu'il faut par le soleil s'est transformée en moquette, les skis inscrivent les courbes avec fluidité. Toujours à peu prés dans le même ordre de niveau, les skieurs descendent par étapes successives. Là non plus pas besoin de décrire les expressions faciales, c'est quand même la cerise sur le gâteau cette neige ! Cet itinéraire a le mérite de nous laisser la primeur des traces, une belle boucle bien plus sauvage et variée qu'aurait été le seul sommet du Turon. Ici au bord du lac la chaleur est surprenante, voire étouffante, à tel point que germe dans les esprits l'idée de trouver un endroit ombragé pour le casse-croûte de midi. Nous longeons le lac en surplomb des blocs de glace laissés par les vidages successifs, entrainant ainsi par gravité la couche de glace brisée par son propre poids. Bientôt nous remontons dans la petite forêt, pour ressortir sur une croupe où nous trouverons un joli coin pour le pique-nique, mi-ombre mi-soleil pour satisfaire tout le monde. Si le vent fait encore fumer les crêtes, ici c'est plutôt canicule, et le moindre petit courant d'air est le bienvenu. Le repas frugal, conclu par un carré de chocolat, nous repartons vers le col de Madamète. La montée est un cheminement sinueux au milieu des rochers et des sapins dont on se demande comment certains ont pu germer dans quelques aspérités pierreuses. Nous traversons un petit lac et traçons direct jusqu'au col, le sommet de Madamète nous tend les bras mais, après concertation décision est prise d'aller plus loin chercher le col de Tracens, la journée commence à être longue et les dénivelés successifs pèsent sur les jambes. La descente vers le vallon d'Aigues-cluse est une formalité, bien que sur ce versant la neige soit plutôt « croûtée » ; les onomatopées et autres expressions de surprise ne manquent pas, quand certains se rendent compte de la réticence qu'ont les skis à tourner dans cette neige au caractère nouveau, il faut donc chercher les talwegs et combes pour trouver de la poudreuse, jusqu'à descendre sur un replat afin de remettre les peaux pour l'ultime fois de la journée. Ce petit col de Tracens, qui paraît tout simple, nous donne du fil à retordre dans sa partie haute, les vents ayant créé une corniche et accumulé de la neige, il faut remettre les couteaux pour augmenter l'adhérence sur la neige fraîche fuyante, privé de cohésion avec la vieille couche dure qui subsiste dessous. Toujours, dans ces cas là certains sont plus à l'aise que d'autres. Sur l'autre versant, le vallon a été bien plus fréquenté, et en quelques virages nous rejoignons les traces qui mènent direct au barrage pour les suivre jusqu'au col des Coubouts et attaquer la dernière descente. Descente finalement bien plus en condition que redoutée, avec encore quelques coins en poudreuse. Au torrent, les skis sont fixés sur les sacs, et c'est à pied que nous rejoignons le bas de la station, où l'ultime piste nous permettra de rechausser et glisser doucement jusqu'au parking. La place autour des voitures devient vite un large éparpillage d'affaires, où viennent s'ajouter les bières surprises de Marc et les gâteaux tout autant surprenants et appétissants de Jean et Hélène. Maintenant un peu rentré dans le rituel, le débriefing s'organise autour de ce campement permettant à chacun de donner ses impressions, bonnes ou mauvaises, sur la sortie. Je conclu en disant ma satisfaction générale d'un week-end rondement mené, qui n'était pas gagné d'avance vu les conditions météo et nivologiques, avec en plus une très bonne ambiance forte en camaraderie .

 

 

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