Carnet de route

Au balcon de Pâcke

Le 08/05/2022 par GUY GUIRAUDIE
Au balcon de Pâcke,
Nous fûmes deux pour retourner sur le Turon. Vous ne fûtes seulement deux ! me susurre ma petite conscience écologique ? Hum, oui, bon, donc nous fûmes seulement deux pour cette excursion Pyrénéenne. Philippe Heinrich et moi même arrivons, vendredi soir, sous une pluie battante au petit gîte de luz St Sauveur. Le lendemain nous gagnons la vallée du Lienz où malgré sa garde au sol diminuée la 508 nous mènera sur la piste, juste carrossable pour ce genre de véhicule ! pour éviter non pas tellement du dénivelé mais sûrement un bon kilomètre et demi de portage ! De là nous montons skis sur les sacs jusqu'à trouver la neige de façon à remettre nos planches à leur juste place et évoluer aussi gracieusement qu'il nous sera permis sur cette neige dorénavant ocre, façonnée par les intempéries et encombrée de multiples anciennes coulées d'avalanches. Quelques skieurs nous précèdent, mais il n'y a pas foule sur ces pentes, d'ailleurs nous ne venons pas sur ces pentes pour y trouver la foule ! Nous faisons un petit détour par le refuge de la Glère, boire un café et dire bonjour à Béatrice la gardienne des lieux, et souvent ,cet an-ci, conseillère en nivo/météo. Nous prenons au passage quelques renseignements supplémentaires, constatons la dégradation du manteau que l'on peut encore qualifier de neigeux, comparé au dernier passage que nous avons fait ici mi-mars. Nous rechaussons les skis en disant au-revoir, et là nous nous nous rendons compte que passer par le refuge nous a bien compliqué le cheminement puisque les croupes successives sont séparées d'autant de petits obstacles rocheux maintenant déneigés, nous imposant tout autant successivement déchaussages et désescalades, ce qui a le mérite de nous agacer et faire perdre notre temps. 
Nous retrouvons un terrain maintenant suffisamment enneigé pour évoluer sans encombres, jusqu'au point 2250 pour les topos, 2300 pour la gardienne, peu importe, l'endroit pour changer de vallon est tellement évident que nous organisons là, la première et seule descente de la journée, pour basculer sur la vallée du Bolou. J'aurais, et sûrement Philippe aussi, pensé la neige plus pourrie à skier vu le niveau de transformation voire de liquéfaction du manteau, mais dans ces pentes Nord, le soleil n'est pas encore arrivé et malgré la lourdeur de la neige les virages s'enchaînent facilement. Plus bas nous remettons les peaux toujours bien imbibées d'humidité. Il fait chaud, le soleil est au zénith et rayonne de toute sa force captée puissance dix par cette neige chargée de milliards de grains de sables qui sont autant de petits miroirs emmagasinant la chaleur, accélérateurs de la fonte. Nous progressons facilement dans ce joli vallon sauvage, loin de la voie normale du Turon bien plus fréquentée. 
La blancheur de la neige fraîche tombée dans la semaine tranche avec la couleur sablée des altitudes inférieures. La couche est devenue pourrie au fur et à mesure de la journée, maintenant les bâtons s'enfoncent dès que nous prenons de forts appuis et nos skis laissent une trace profonde. Dans cette combe l'effet de chaleur est décuplé et notre rythme ralenti. 
Sur ces pentes N/O les accumulations sont importantes, elles l'ont été tout au long de l'hiver où les épisodes venteux de Sud et d'Est ont été plus fréquents. La neige y est moins tassée, nous laissons nos empreintes lourdes, un xxxsssssss de déchirement atteste de ces sur-couches, plus tôt dans la saison ç'aurait été une belle plaque à vent à l' endroit où nous sommes, mais avec les températures et les différentes transformations il y a une bonne cohésion. Nous progressons jusqu'au lac du pourtet que nous traversons sans appréhension, déjà nous apercevons le refuge de Pâcke sur la crête. C'est rapidement que nous arrivons à cette petite bâtisse en forme d'ogive qui ferait presque penser à un petite église. Nous déchaussons, allons vers l'entrée, nous extasiant devant l'emplacement aérien, perché sur ces barres rocheuses, dominant la vallée du Rabier. Après avoir déneigé l'entrée nous découvrons l'intérieur sommaire mais acceuillant. Il y a 8 places, des matelas, des couvertures, un poêle et du bois ! Véritable cocon des cimes ! Et l'après midi se passera là, à savourer ce moment d'altitude, jusqu'à ce que les brumes montant de la vallée nous fassent nous retrancher à l'intérieur. 20h30, alors que nous finissons les somptueux lyophilisés de Philippe notre quiétude est troublée par des sons de voix à l'extérieur. Philippe me le faisant remarquer je sors la tête par la porte : "bonsoir, vous êtes combien ?", "quatre, me répondent-ils"! Voilà nous serons six à partager la demeure. Eux sont en raquettes certains en crampons (!?!?), et comptent faire le même itinéraire que nous demain matin. Levé prévu à 6h pour un départ à 7, Philippe et moi nous couchons. 5h30, une randonneuse se lève, ne connaissant apparemment pas l'utilité de la fonction courtoisie de sa frontale elle inonde les couchages d'un large faisceau lumineux et nous réveille. Peu de temps après nous prenons le petit déj, et bien avant eux nous partons skis aux pieds dans la Coume de l'ours. Il est 7h, le ciel est bien dégagé, la neige complètement regelée, les conditions que nous espérions ! Plus tard nous mettons les couteaux, la pente se raidit et nous gardons le cap sur le col qui nous paraît correspondre aux topos "le plus à droite". Celui ci est assez vite rejoint et là, nous découvrons le passage raide décrit dans les topos, un joli couloir orienté Est d'ordinaire facile à skier mais là, un rocher barre le passage et interdit le départ en ski. C'est donc crampons aux pieds que nous le désescaladerons, avec frustration quand même car une fois le bloc passé la pente aurait été plaisante à skier. La neige est toujours dure, à tel point que nous continuons à pied jusqu'au col d'Estrède (pas si raide que ça!!!). Le temps s'est gâté, les nuages massés à l'horizon tout à l'heure ont gagné du terrain, arrivant au sommet avant nous et le plongeant dans la brume. Un petit vent s'est levé, rafraîchissant bien l'atmosphère, point positif pour maintenir la neige encore dure pendant la descente. Plusieurs croupes et antécimes jalonnent notre itinéraire jusqu'au sommet où nous arrivons carrément de bonne heure, car il est 9h. La météo fraîche et le manque de visibilité nous incitera à ne pas trop nous attarder, ne sachant pas comment évolueront les événements. Donc manip dépeautage, et Philippe s'élance dans ces belles pentes, le jeu de lumière est de toute beauté, le noir de l'horizon contrastant avec la percée lumineuse du soleil sur la neige, mettant ainsi le skieur lotois en parfaite évidence. La neige ne transforme pas, gardant sa dureté et sa portance, le ski y est aisé et plaisant. Virages après virages nous basculons sur le glacier de Maniportet où la pente se redresse. La neige a une skiabilité parfaite, bizarre contraste avec la mélasse de la veille, quelques traces de poudreuse subsistent dans ces pentes nord. Ce vallon est assez génial et ludique, on peut jouer avec les multiples dolines que nous rejoignons par des petites traversées, et les croupes sont autant de relances pour garder une bonne vitesse et s'élancer dans les petits goulets qui se découvrent au fur et à mesure de la descente. Avec toujours le refuge de la Glère en azimut, tel un amer. Bientôt nous rejoignons la neige ocre, ici le regel a été plus timide et il n'en faudra pas long avant qu'elle ne soit complètement transformée, car malgré les nuages le soleil arrive à faire de chaudes percées. Nous serpentons entre les divers lacs, la fonte est bien engagée et, comme ils commencent à geler par leur bords, c'est aussi par ces mêmes bords que le dégel s'amorce auréolant de turquoise leur pourtour, interdisant toutes traversée et nous obligeant à les contourner par quelques poussettes. Nous voici en dessous du refuge où nous remontons repeautés pour y faire une halte, il est 10h nous ne sommes pas si pressés que ça... 
Nos boissons avalées , les adieux fait à la gardienne nous partons dans ce qui sera la descente la moins confortable du week-end, la neige étant ,là, devenue un champ de vaguelettes brunes parsemé de restes d'avalanches. En jonglant judicieusement avec les langues de neige nous glissons jusqu'à seulement une centaine de mètres de la voitures les cuissots bien chaud et les genoux douloureux. A onze zéro zéro, nous sommes pieds nus dans l'herbe , moment bucolique où le skieur est content de retrouver la chlorophylle. Nous lavons les skis et les chaussures dans le torrent, passons un coup d'eau fraîche par le vissage et une fois des vêtements propres enfilés et les affaires rangées nous partons sur la piste pour une minutieuse conduite sur les cailloux, jusqu'à la route . Dans nos têtes cela ne fait aucun doute qu'il s'agissait là de la dernière escapade en ski de la saison, grand bien nous a pris ... 

 

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